Note de l'auteure :
Je ne suis pas née en Corse.
Mais une mémoire m’y appelait, transmise en silence par ma tante, ma marraine, née et élevée à Cervione avant d’être envoyée sur le continent.
Elle rêvait qu’on retourne ensemble sur l’île.
Mais l'Atlantique est un mur quand on a 17 ans. L'âge où l'on pense avoir encore le temps.
Et puis, elle est morte.
Alors j’ai écrit. Et je continue. D'abord pour moi, mais maintenant pour vous.
Les Silences de Bartoli est une saga née d’un besoin de transmettre ce que les récits officiels effacent : les voix des femmes, les gestes, les silences habités.
Je ne suis pas féministe. Je suis celle qui entend. Et en, toute humilité, comprend.
Cette saga n'est aucunement un slogan.
Chaque tome est un fragment de mémoire, une tentative de dire ce qui ne se dit pas, mais se vit — ou comme pour moi, se raconte les yeux ouverts. Ces yeux que j'avais, d'après ma mère, ouverts à la naissance.
Je viens de Guyane, et c’est mon pays.
Certains vous diront, ceux qui savent où le situer, "ce n'est qu'un département français en Amérique du Sud"
Les ignorants… C’est tellement plus.
Je viens d’un territoire où l’on refuse les cases et les injonctions.
Où l’on avance en silence ou en tambour, selon les jours.
Dans mes oreilles, selon l'humeur : du reggae, des paghjella, du classique, du rock, du kassékwo, de la Bossa nova… Et parfois, du reggae dub, partagé avec mon fils de vingt ans, ou du rap avec celui de vingt-sept ans.
Juste pour rire ?
Non.
La musique est mon souffle.
Je ne la compose pas, je la danse.
Elle vibre en moi, comme mes mots —
Où mes écrits deviennent des partitions orales et incarnées.
Je suis une fille de l’eau, de la forêt, de la montagne.
Faite de ruptures, de ponts, de contrastes.
Je suis multiple — comme mes personnages, comme mes mots.
Ceux qui cherchent vraiment à me lire, me trouvent.
Et pour ceux qui se posent encore la question : non, je ne suis pas une Pinzutu (a).
Ou alors, vous n’avez pas vraiment lu les lignes qui précèdent, ni compris mon essence.
Là-bas on m'appelle Chabine. Là-bas sont mes racines.
U sangue un si perde mai, si trasforma. / San-la pa janmen pèdi. I ka chanjé / La sangre nunca se pierde. Se transforma / O sangue nunca se perde. Ele se transforma.
Le sang ne se perd jamais. Il se transforme.
— Altéa Miravé