Le Sel et le Sang


Prologue
Tome I

Dans une Corse du XVIIe siècle, au cœur des montagnes où le silence pèse plus lourd que les mots, Le Sel et le Sang suit le destin de Maddalena Bartoli, jeune femme promise à une vie d’obéissance dans une maison qui n’a pas été choisie.
Fille d’une lignée de femmes fortes, mais réduites au silence, Maddalena grandit dans une famille où l’on ne parle pas — mais où tout s’inscrit dans les gestes, les regards, les absences.
Elle est donnée en mariage à Cristofanu De Biaggi, un homme austère, étranger à l’intime, plus préoccupé de sa position que du cœur de sa femme. Dans cette maison haute, faite de pierre et d’attente, Maddalena range, prie, veille. Mais à l’intérieur, un feu couve.
Ce feu porte un nom : Giulianu. L’amour d’enfance, celui qu’on n’a jamais nommé à voix haute, celui qui a fui pour ne pas compromettre, mais dont l’absence ne s’est jamais refermée.
Lorsqu’il réapparaît, blessé, traqué, c’est toute la vie de Maddalena qui vacille : entre devoir et désir, entre loyauté clanique et fidélité à elle-même. C’est aussi à ce moment que Maddalena commence à écrire. Pas comme un acte littéraire, mais comme une nécessité vitale.
Elle n’a jamais vraiment appris : elle a regardé, écouté, deviné les lettres dans l’ombre des hommes. C’est dans ce geste incertain, les doigts tachés d’encre, qu’elle commence à se dire.
Ce carnet qu’elle écrit en cachette devient la matrice de sa mémoire — et de la mémoire des femmes de sa lignée. Car au fil des jours, elle retrouve le chant de sa mère, les gestes anciens, les rituels muets de celles qu’on appelait les murze : ces guérisseuses, mi-craintes, mi-vénérées, qui savent lire le feu, les fièvres et les regards. Maddalena devient l’une d’elles, sans que personne ne l’ait nommée ainsi.
Elle soigne. Elle protège. Elle dissimule. Et dans ce rôle d’ombre, elle affirme une lumière intérieure que plus rien ne pourra éteindre.
Lorsque la rumeur monte dans les montagnes — révoltes, trahisons, pactes et dénonciations — Maddalena est à la croisée de toutes les tensions. Femme, mère, sœur, amante, elle est aussi le ventre d’un secret : un enfant à venir, peut-être né de l’interdit.
Et avec lui, une promesse de rupture ou de transmission. Le Sel et le Sang est le premier tome d’une saga familiale habitée par les voix du passé, par la terre, le silence et les femmes. À travers la parole libérée de Maddalena, ce roman questionne l’héritage, la mémoire intime et collective, et le prix de l’insoumission dans un monde où les femmes portent tout… sauf le nom.

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